CONSIGNES DES BOUTEILLES EN VERRE
Des enjeux importants qui peuvent concilier écologie et économie.
Par ses impacts sur notre santé, sur l’environnement, et sur l’économie, la gestion des déchets est un des enjeux majeurs du 21ème siècle.
Leur volume ne cesse de croître, notre gestion est dépassée, et il est capital de revoir nos modèles de consommation et de considérer nos déchets comme une ressource potentielle.
Notamment, la pollution plastique est un problème de santé publique, et la prise de conscience collective de sa nocivité devient une réalité.
Dans ce contexte, j’ai la conviction que des alternatives peuvent être engagées dès maintenant, et qu’une intervention du législateur doit accompagner cette transition.
Je partage cette logique avec Michel-Edouard Leclerc, Président directeur Général de l’enseigne de grande distribution E. Leclerc.
Dans ce magazine, lui qui a été le pionnier de la suppression des sacs plastiques nous enrichit de son témoignage, et il apporte son soutien à ma démarche.
Pour notre santé, pour notre avenir, et pour celui de nos enfants, je souhaite que nous puissions partager ces enjeux.
Bonne lecture.
SIGNEZ MA PETITION SUPPRIMONS LES BOUTEILLES EN PLASTIQUE
https://www.change.org/p/mv-stoppons-ce-fl%C3%A9au-supprimons-les-bouteilles-en-plastique
Pourquoi consigner ses bouteilles en verre ?
A la différence de l’Allemagne, le système de consigne n’a pas résisté à l’automatisation de l’industrie. Le Plan national de prévention des déchets, le remettra-t-il au goût du jour ?
Le texte du Plan national de prévention des déchets 2014-2020, mis en consultation publique jusqu’au 4 février dernier, et qui devrait sortir sous peu, engage timidement à quelques études supplémentaires sur les avantages et inconvénients de la chose. « Aujourd’hui, en France, le secteur du recyclage est plus soutenu que l’effort en faveur de la prévention : il y a un blocage politique », soupire Flore Berlingen, directrice du Centre national d’information indépendante sur les déchets (Cniid).
Car pour ses partisans, la consigne n’a pourtant plus grand-chose à prouver. D’abord, le mécanisme est bien connu. Le consommateur paye une petite somme pour l’emballage, généralement une bouteille en verre contenant un liquide, et doit rapporter le dit emballage à la boutique. Il peut faire remplir de nouveau sa bouteille, ou, plus généralement, récupérer son écot. La bouteille, collectée avec ses congénères, lavée et re-remplie, sert plusieurs fois. Généralisé en France et en Europe jusque dans les années 1960, ce système n’a pas résisté, chez nous – à la différence de l’Allemagne et de la Belgique – à l’automatisation de la production industrielle et l’apparition du jetable.
UNE VISION TOTALEMENT DEPASSEE
En 1963, un producteur d’huile vantait sa nouvelle bouteille non-réutilisable : « C’est plus sûr : non consignée, la bouteille ne sert que pour vous, elle ne sert qu’une fois ; vide, on la jette, elle ne revient pas. » La vie moderne quoi !
Brasseurs alsaciens et analyse de cycle de vie
L’agonie fut lente et le coup de grâce ne lui tomba sur le râble qu’au début des années 1990 avec la responsabilité élargie du producteur : ceux qui font les déchets doivent participer à leur gestion. En 1992, la France se décide pour un système de contribution financière versée auprès d’éco-organismes qui se chargeront de redistribuer l’argent aux collectivités. « Ça a signé l’arrêt de mort de la consigne », rappelle Flore Berlingen. Tout le monde n’a pourtant pas lâché la bonne vieille recette. Les brasseurs alsaciens dont le circuit de réemploi est rodé depuis des lustres se sont même payés une analyse de cycle de vie pour vérifier que leur consigne avait des arguments environnementaux. La bouteille « 75 cl Alsace », réemployable, est sortie, avec les honneurs, de son match contre une bouteille de bière à usage unique. Avec une distance de distribution de 260 kilomètres aller-retour en moyenne et 20 réutilisations, son bilan fait même des étincelles : quatre fois moins de consommation d’énergie primaire, des émissions de gaz à effet de serre divisées par cinq, un tiers d’eau économisé.
Du côté des cafetiers, restaurants et hôtels hexagonaux
la bouteille consignée frémit encore. Chaque année, ce sont 40% des bouteilles en verre utilisées dans la restauration hors domicile qui sont récupérées à la porte des bistrots et renvoyées aux producteurs d’eau minérale et sodas pour nettoyage et remplissage. En tout, 500 000 tonnes de déchets sont économisées. « Mais ça s’érode doucement, car conserver une chaîne de réemploi coûte très cher !, note Laure Bomy, directrice générale de la Fédération nationale des boissons. C’est un héritage : si un industriel devait faire un choix économique aujourd’hui, il supprimerait le re-remplissage. » Ce sont pourtant les bistrots de la capitale qui semblent avoir inspiré le vote du Conseil de Paris en juillet dernier. Sous l’impulsion du groupe communiste, les édiles ont formulé le vœu de remettre la consigne en route et créé bien sûr un groupe de travail sur la question…
« On expérimente, il y a tout à faire, mais on y revient ! »
« Des études, on en a plein ! On manque surtout de projets pilotes », s’énerve Flore Berlingen, la directrice du Cniid. Et ceux-là, il faut en effet les chercher. Un groupe de valeureux pionniers s’est lancé par exemple dans le Var. Sous la houlette de l’association Ecoscience provence, quatre viticulteurs tentent depuis trois ans l’aventure avec des bouteilles de vin rosé. Les obstacles n’ont pas manqué : les bouteilles de formes très variables, les étiquettes adhésives qui ne partaient pas au lavage, la comptabilité des producteurs pas adaptée et, cerise sur le gâteau, la centrale de lavage qui ferme ses portes l’année dernière. Mais il en faut plus pour démotiver les troupes, satisfaites par les 10% de retour sur les gammes consignées, et les viticulteurs, séduits par les 16 centimes d’euros par bouteille au lieu de 30. « On expérimente, il y a tout à faire, mais on y revient ! C’est dans l’air du temps ! », s’emballe Mikaël Schneider, responsable de projet d’Ecoscience provence. Pour mettre ce parcours du combattant à profit de la communauté, l’association a créé le Réseau consigne et répondu aux appels du Programme Boréal dans le Nord, du Conseil général de Côte-d’Or, et de confrères tous désireux de consigner.